Catégories
Musique

Trop de technique tue la musique

Bonjour, j’ai envie de parler d’un phénomène courant en musique, le nombre de notes à la seconde … La technicité.

Trop souvent j’entends des solos ou impros où il y a tellement de notes que l’on ne sait plus trop ce qu’il se passe.

En fait ça devient incompréhensible pour le cerveau et pire …
Plat et sans relief (le cerveau se lasse).

J’ai remarqué en faisant des expériences que lorsque je faisais un morceau ultra complexe avec beaucoup de notes, très riche, il ne touchait pas plus qu’un morceau simple (expérience en public).

Au final c’est une question de dosage, et d’intention.

J’observe trop de morceaux composés par et pour des musiciens ultra avertis, qui vont être dans la recherche de performance technique et perdre de vue l’écoute globale.

Je trouve dommage de rendre la musique élitiste, question de choix et chacun fait comme il veut mais dans ce cas, il faut revoir l’intention de base et ne pas s’attendre à être écouté par le grand public si le but est de faire un morceau ultra sophistiqué que seuls quelques musicologues pourront apprécier vraiment.

Au final être reconnu uniquement pour sa technique, pourquoi pas, mais perso je préfère que ce soit pour la musique.

Pour moi la technique doit être au service de la musique, pas l’inverse.

C’est comme avoir le meilleur marteau du monde et ne pas l’utiliser pour planter un clou avec mais faire une thèse autour de cet outil.
On connaît toutes ses caractéristiques, poids, équilibre type de métal utilisé, température lors de la forge etc.
Mais au final on ne s’en sert pas pour planter un simple clou.

Des envolées de notes en quadruples croches peuvent être puissantes dans un morceau, mais un morceau où il n’y a que ça … c’est lassant.

La musique est-elle jouée pour flatter l’ego ou pour être écoutée ?

J’aime garder ça en tête quand je compose ou arrange un morceau.
(on peut vite oublier que la musique est faite à la base pour être écoutée)

Oui on peut jouer un truc technique, c’est même intéressant, mais au final, cette technique doit servir le morceau et donc à la fois celui qui l’écoute et celui qui le joue.

Trop de notes tuent les notes, trop de technique tue la musique.

C’est aussi souvent un réflexe inconscient lorsque l’on fait un solo …
On remplit l’espace.

C’est à éviter absolument, le but d’un solo n’est pas de remplir l’espace mais de s’exprimer, c’est un espace temps où le musicien peut exprimer ce qu’il veut à l’auditeur par le biais de son instrument.

L’auditeur est là pour l’écouter justement.

Si on remplit de note, soit par ego (je suis le plus fort en technique), soit par peur (Rhaaaa il faut je fasse un solo !)
le résultat est le même, le solo perd de son intérêt.

C’est parler pour ne rien dire !

L’intention mise est le plus important, les silences ont un rôle, ce qui est important n’est pas le nombre de notes.

Dans les Jams sessions (session d’impro entre musiciens), c’est un effet que je croise trop souvent et en fait pour être honnête, j’ai du mal à y aller car je trouve que cela manque d’écoute justement et je finis par m’ennuyer.

Trop de musiciens cherchent à remplir avec leur instrument sans écouter si cela est « utile », si ça enrichit ce qui est joué à ce moment
(Utile pour son instrument, son ego mais pas forcement pour l’ensemble de la musique).

J’appelle ça « l’effet bulle ». Chaque musicien est connecté à ce qu’il joue, chacun dans sa bulle mais peu au rendu « global ».

Écoutons-nous les uns les autres, chaque instrument peut avoir un rôle (qui peut changer, évoluer) et des espaces d’expression.

Quand je joue dans le duo Qsim, je remarque ce réflexe que je peux avoir de « remplir » l’espace avec la percu (je joue de la contrebasse ET de la percu en même temps).

Nous ne sommes que deux musiciens et je peux avoir tendance à remplir pour compenser (par peur ?) au lieu de laisser l’espace justement.

Du coup je m’enregistre, j’écoute et je décide de voir ce que je peux alléger et quand faire ressortir certains moments.

L’écoute et l’avis de Pauline est aussi un précieux soutien.

Le but étant de trouver l’équilibre entre mon envie de jouer, ce que l’on veut faire ressortir et de comment cela rend à l’écoute (externe).

Je me place donc aussi dans le rôle de l’auditeur, et pas que de l’interprète.

Et le plus souvent, j’allège, il est plus rare que je rajoute.

Repense donc la prochaine fois que tu fais un solo, une impro ou une compo, quelle est l’intention dans ce que tu joues ?

Dans les points techniques que tu utilises, pour quoi les utilises-tu ?

Comment les utiliser sans tomber dans le piège de la prouesse ou de la performance 🙂

A bientôt
Tithouan

Laisser un commentaire